
Le député écologiste Benjamin Lucas déplore que le gouvernement n’ait pas retiré le projet de loi sur l’immigration à l’issue de l’adoption de la motion de rejet préalable à l’Assemblée nationale qu’il avait portée. L’élu des Yvelines pense qu’il ne pourra pas y avoir de majorité sur ce texte dans l’Hémicycle même si la commission mixte paritaire devait parvenir à un compromis, lundi 18 décembre.
Vous avez fait voter une motion de rejet qui aboutit à des discussions entre Les Républicains (LR) et le gouvernement. N’est-ce pas l’inverse de l’effet recherché ?
Je continue à assumer totalement cette motion de rejet : nous avons évité deux semaines d’un débat qui aurait été englouti sous un racisme d’atmosphère qui imprègne déjà le débat public. On sait ce que ça aurait donné avec quatre-vingt-huit députés RN et un ministre de l’intérieur qui a perdu toute boussole. Je crois qu’on a obligé la Macronie à faire en quelques heures ce qu’ils avaient prévu de faire en quelques jours. Le processus politique de durcissement du texte, de fuite en avant, était engagé. Avec quinze jours d’examen, le ministre aurait eu plus de temps pour négocier avec Les Républicains. Dans l’Hémicycle lundi [11 décembre], il a dit qu’il était prêt à discuter sur l’AME [aide médicale d’Etat], sur le délit de séjour irrégulier, deux signaux adressés à la droite radicalisée. On a permis de faire exploser l’illusion du « en même temps » qui montre une absence de boussole humaniste du gouvernement.
Pourtant, en commission des lois, la majorité présidentielle a commencé à détricoter la version du Sénat. N’auriez-vous pas pu tenter de peser dans l’Hémicycle pour obtenir plus ?
Le texte de la commission des lois est encore moins équilibré que la version initiale du gouvernement : il reprend les quotas, des dispositions de restriction du regroupement familial et enfin, sur les métiers en tension, il abdique totalement. J’ai dit « c’est mieux que rien, mais presque rien », car à la fin, il ne s’agit que de quelques régularisations, dans quelques régions et dans quelques métiers en tension. Et cela reste une expérimentation. Le soir même [du vote de la motion], [Gérald] Darmanin avait prévu d’aller sur CNews chez Pascal Praud, signe de sa décision de donner des gages à la droite radicalisée.
N’avez-vous pas condamné la mesure de régularisation dans les métiers en tension que les associations demandaient ?
J’invite les associations à nous faire confiance sur l’analyse parlementaire, comme nous leur faisons confiance pour tout ce qui relève du fond sur ces sujets. L’article 4 bis de régularisation des métiers en tension aurait sauté. Si le gouvernement avait assoupli son texte, où trouvait-il sa majorité ? Le ministre de l’intérieur n’a jamais cherché de majorité avec la gauche.
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